Sans doute pour éviter de vaciller sous la pression du passé, Falko Denoël (qu’un autre nom protège de ces turpitudes) s’affaire, à la ville, à créer des entreprises transpercées de technologie nouvelle. Une façon, peut-être, de précipiter un regard vers l’avenir, quand, reclus derrière les facades du Manoir du T***, il explore les merveilles d’un temps passé.
La science y tutoie l’histoire, le clavier y cotoie le stylo à plume, on y murmure tant l’anglais que le français ; la famille y est sacrée, tout autant que l’aventure.
D’aucuns peuvent y voir un décousu mélange d’inconstance, d’excentricité ou de dandysme feint. C’est probable – mais c’est aussi le nécessaire et subtil équilibre qui autorise l’existence en maitrisant la folie.
Falko Denoël affectionne les formes classiques de l’art d’écrire, la langue ciselée avec rigueur et précision, qui dissimule son émotion dans l’allitération, ou derrière la surprise. La poésie est un eldorado frissonnant.
Or, décidément enligoté de paradoxes, il interroge également les formes nouvelles d’écriture, cuisinant le texte en tant qu’objet singulier qui peut être modelé telle l’argile du potier.
Sans autre ambition que de faire éclore ces petits instants d’émotion chez quelques lecteurs égarés, Falko Denoël navigue sur l’océan de la langue et, de temps en temps, en puise quelques seaux pour bricoler un rafiot.
La complexité d’un homme peut-elle se résumer à trois brefs paragraphes, à peine plus étoffés qu’une notice biographique de dictionnaire ? Quelques mots, épars et égaux, crayonnent le profil de Falko Denoël d’une mine grasse (8B, au moins) : Afrique, Madagascar, missions humanitaires, voyages, héraldique, histoire, histoires, images, famille, frérèche, folklore – et tant d’autres.
Il existe diverses formes d’aventure, n’est-ce pas ? Nous en vivons au creux des livres comme au sommet des montagnes. Il ne s’agit pas que de voyages, il s’agit avant tout d’expériences. Elles sont les marque-pages de l’existence ; elles y marquent un relief qui la rend unique. Au fil des ans, elles tissent en se jouxtant un manteau bariolé.